Les marines de Robert Micheau-Vernez
Jean-Marc Michaud
UN CRÉATEUR PROTÉIFORME, MAIS AVANT TOUT
UN PEINTRE

Fils d’un officier de marine, Robert Micheau est né à Brest le 16 octobre 1907. Dès son plus jeune âge, il manifeste des dispositions pour le dessin et couvre ses cahiers de scènes de plein air, notamment de bateaux en mouvement dans
le port. Élève d’Émile Simon aux Beaux-Arts de Nantes, puis à Paris de Lucien Simon à l’École nationale des beaux-arts et de Maurice Denis aux Ateliers d’art sacré, il n’a que 23 ans lorsqu’il reçoit la commande de deux cartons de vitraux pour l’église du Conquet. En 1932, il épouse à Nantes son ancienne condisciple Lysa-Mina Vernez et prend le nom de Micheau-Vernez. Ayant en 1930 passé son professorat de dessin par nécessité, il enseigne, sa vie durant, dans les
lycées de Brest, Bastia, La Roche-sur-Yon, Lannion, Grasse, Pont-l’Abbé et Quimper.
Nombre de ses élèves ont loué la qualité d’un enseignement qui, sortant des sentiers battus, s’avérait des plus motivants. Jusqu’à la grande rétrospective que lui
a consacrée le musée du Faouët en 2009, Micheau-Vernez a été connu en Bretagne essentiellement à travers les cent trente statuettes et plats qu’il a créés de 1930 à 1960 pour la manufacture Henriot de Quimper.
Artiste pluridisciplinaire, membre du groupe des Seiz Breur dans sa jeunesse, il a été durant sa carrière tour à tour peintre, dessinateur, illustrateur, affichiste, caricaturiste,
sculpteur, céramiste, créateur de vitraux, d’icônes, de meubles (décorateur ensemblier), de costumes et de drapeaux, brodeur, sonneur de biniou, conférencier, directeur de centre culturel et président d’association. En dépit de cette boulimie d’activités, la peinture n’a pas été pour lui une passion, mais une vocation. Il n’a cessé de peindre à aucun moment, si ce n’est en 1956-1957 « pour dessiner », selon ses propres termes.
Dès son enfance, Micheau-Vernez a été attiré par la couleur des fêtes foraines, des pardons et des vitraux. Les costumes
bretons, dont il a découvert la richesse autour de 1932, l’ont incité à employer dans sa peinture des rouges, des orangés et des jaunes soutenus. Vers 1948-1949, il choisit de limiter sa palette aux seules couleurs primaires (le rouge, le jaune et le bleu) et à leurs dérivés directs (l’orangé, le vert et
le violet). Bientôt se dégagent de ses toiles des harmonies puissantes, dominées par les couleurs chaudes. Admirateur de Gauguin, de Cézanne et de Bonnard, Micheau-Vernez a
reçu les encouragements de Matisse et, plus tard, ceux d’Alberto Magnelli.

Voiles multicolores, La Baule, 1886, huile sur toile, 92 x 73 cm (© Association R. Micheau-Vernez).

