DES PIERRES qui fondent la mémoire collective
Christian Gouerou
Que n’a-t-on attendu l’inscription des mégalithes du sud Morbihan au patrimoine mondial de l’Unesco ! Alors, saluons cette reconnaissance, en date du 12 juillet 2025.
Pourquoi cela n’était-il pas déjà fait ? En forme de
boutade, d’aucuns s’interrogeaient : « Quoi ! Carnac n’est
pas encore inscrit ? » Cela semblait couler de source
au regard de la renommée mondiale de ce patrimoine
mégalithique.
Eh bien non ! Il faut se souvenir que dolmens, men
hirs et autres tumulus ont souffert de la proximité
des humains qui les ont pillés, abîmés ou ignorés…
davantage que de l’usure du temps ! Dans le bureau du
maire de Carnac est exposée une photo vue du ciel des
alignements de Carnac avec des voitures au milieu des
menhirs. Nous sommes dans les années 1950…
N’oublions pas les échecs : ainsi « Menhirland », projet de classement mené par l’État au début des années 1990.
Une démarche technocratique si catastrophique qu’elle en devient l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire ; l’aventure fut interrompue au début des années 2000.
Songeons encore à la visite de François Fillon, Premier ministre, passé à Carnac pour soutenir l’inscription des sites mégalithiques au patrimoine mondial de l’Unesco en… mai 2009 : elle donne la mesure de l’inertie du pouvoir centralisé. Heureusement, d’autres personnalités, dont le paléontologue vannetais Yves Coppens, décédé en 2022, ont apporté un vrai concours.
Ce sont donc bien les élus locaux des vingt-huit communes concernées qu’il faut applaudir. Quand Olivier Lepick, maire de Carnac et président de l’association Paysages de mégalithes, remercie le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco, il évalue la profondeur du temps, 7 000 ans d’histoire : « Pour le Breton que je
suis, ce moment marque une étape historique pour notre
patrimoine culturel. Les mégalithes, témoins silencieux de notre histoire commune, représentent bien plus que de simples pierres, ils incarnent la mémoire collective de l’humanité, le génie créateur de nos ancêtres et le lien indéfectible qui nous unit à travers les âges. »
Il était temps qu’un site breton accède à cette reconnaissance. Les mégalithes ne sont-ils que les premiers d’une liste à venir ?
Nous revenons également dans ce numéro d’Istor Breizh sur le travail entrepris depuis 2022 pour le classement des enclos paroissiaux du Finistère Nord, autres pierres taillées qui fondent nos mémoires.
Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre et ambassadeur des enclos paroissiaux, souligne que « ce patrimoine est
révélateur d’une histoire particulière qui s’inscrit dans l’histoire de l’humanité tout entière. »
C’est important ? Oui, car aujourd’hui, quand on observe le projet de classement des Marches de Bretagne, ces forteresses des territoires frontaliers du duché de Bretagne de Fougères à Clisson, projet lancé en 2010, comment expliquer qu’il soit quasiment tombé dans l’oubli ?
Avec près de 1 000 ans d’histoire, ces Marches de Bretagne possèdent une qualité intrinsèque : elles parlent d’une Bretagne à cinq. Ne soyons donc pas naïfs : la démarche peut déranger des élus opposés à la Bretagne pleine et entière !
Justement, à la fin de ce numéro, Pierre-Emmanuel Marais-Jegat, élu nantais, revient sur la partition de la Bretagne. « La réunification n’est plus seulement un enjeu historique, mais s’affirme comme un enjeu d’identité qui touche à la culture, à la démocratie, à l’autonomie et à la citoyenneté. » La partition de la Bretagne relève d’une maladie politique française : le jacobinisme !
Un sujet bien connu de l’historien Jean-Jacques Monnier. Il vient de publier un ouvrage sur la centralisation française. Pour cet Istor Breizh, l’historien a travaillé un autre thème : l’histoire de l’association Sao Breiz, celle des Bretonnes et Bretons partis en 1940 à Londres pour combattre le nazisme.
Une histoire peu ou pas assez partagée
Christian Gouerou
Pennad-stur
MEIN O TIAZEZAÑ AR MEMOR A-STROLL
Na pegeit eo bet gortozet enskrivadur mein-veur Su ar Mor Bihan e glad ar bed en Unesco! Saludomp neuze an anaoudegezh-se.
Abalamour da betra ne oa ket bet graet
c’hoazh? Etre bourd ha fars, lod a c’houlenne: “Petra!
Karnag n’eo ket enskrivet c’hoazh!” Ken splann hag anat
e seblante bezañ pa anavezer brud vras megalitoù Su
ar Mor Bihan dre ar bed ar bezh.
Ac’hanta nann! Arabat ankouaat o deus gou
zañvet ar megalitoù muioc’h gant an den eget gant uz an amzer, preizet, diheiet ma ’z int bet pe lezet hebiou! E burev aotrou maer Karnag e c’heller gwelet ur foto war-nij eus steudadoù
Karnag gant un nebeud gweturioù e-touesk ar peulvanoù. Ar bloavezhioù 1950 an hini ’ oa…
Arabat ankouaat ar c’hwitadennoù: evel-se “Menhirland”, raktres rummañ renet gant ar Stad e penn kentañ ar bloavezhioù 1990.
Un doare-ober teknokratel ken mantrus ma teuas da vezañ ar skouer eus ar pezh eo arabat ober. Soñjomp c’hoazh e bizit François Fillon, kentañ ministr, tremenet e Karnag e miz Mae 2009, evit souten enskrivadur lec’hiennoù mein-veur e glad ar bed en Unesco: reiñ a ra da welet pouez-traoñ ar galloud kreiz.
Eüruzamant, tud all a vrud, en o zouesk ar paleontologour gwenedour Yves Coppens, marvet e 2022, o deus degaset ur gwir sikour hon hendadoù hag al liamm solud omp unanet gantañ dre an oadvezhioù.”
Poent e oa d’ul lec’hienn vreizhek dont a-benn da gaout an anaoudegezh-se.
Ha ne vefe ket ar megalitoù ar re gentañ war ur roll da zont? Evit an dra-se e teuomp en-dro war al labour boulc’het abaoe 2022 evit rummañ porzhioù-iliz norzh Penn-ar-bed, mein benet all diazezet hon eñvorioù warne.
Jean-Jacques Aillagon, bet ministr ha kanadour ar porzhioù-iliz, a lâr eo ar glad-se diskulier un istor dibar a zo lodenn eus istor an dene lezh a-bezh.
Pouezus eo? Ya, rak hiziv, pa seller a-dost ouzh raktres rummañ Marz Breizh, ar c’hastelloù kreñv-se en tachad a ra harzoù dugelezh Breizh eus Felger da Glison, raktres kroget e 2010, penaos displegañ eo koulz lâret ankouaet?
Gant tost da 1000 bloavezh istor, Marz Breizh en deus ur perzh dezhañ e-unan: komz a ra eus Breizh a bemp. Arabat bezañ eeunik eta: ar goulenn a c’hell direnkañ dilennidi a-enep Breizh en he fezh !
Dres, e fin an niverenn-mañ eus Istor Breizh, e teu en-dro Pierre-Emmanuel Marais, dilennad e Naoned, war rannadur Breizh. “(…) Ouzhpenn an istor a zo e kont, dont a ra ivez da vezañ un dalc’h a identelezh rak sellet a ra ouzh ar sevenadur, an demokratelezh, an emrenerezh hag ar geodedouriezh.” Rannadur Breizh a denn d’ur c’hleñved politikel gall: ar jakobinerezh !
Ur sujed anavezet mat gant an istorour Jean-Jacques Monnier. Emañ oc’h ehan embann un oberenn diwar-benn ar c’hreizennadur gall1. Evit Istor Breizh,
en deus labouret an istorour war ur sujed all: istor ar gevredigezh Sao Breizh, hini ar Bretonezed hag ar Vretoned aet da Londrez e 1940 evit stourm ouzh an
nazism. Un istor lodet nebeud pe pas a-walc’h.

